Comparatif des plateformes de DevOps : GitLab la star, Cycloid en embuscade
En quelques années ont émergé des solutions qui tendent à couvrir l'ensemble du cycle de vie des applications et infrastructures IT : du développement à la maintenance en passant le déploiement.
De plus en plus d'acteurs du DevOps, historiquement cantonnés à des tâches bien précises dans la gestion du cycle de vie des applications et infrastructures logicielles, cherchent à étendre leur palette fonctionnelle. Résultat : de véritables plateformes de DevOps intégrées commencent à se dessiner sur le marché.
Historiquement, le DevOps se découpe en plusieurs catégories de produits, chacune centrée sur une étape du processus. Les plus populaires sont les environnements de pilotage de codes applicatifs comme Bitbucket, GitHub ou GitLab. Leur point commun : tous s'adossent au logiciel open source de gestion de versions décentralisée Git. Viennent ensuite les systèmes chargés de gérer la configuration des serveurs d'applications, dont les plus connus sont Ansible, Chef, Puppet ou SaltStack. Une fois les serveurs paramétrés, les outils d'infrastructure as code, tels Terraform ou CloudFormation, sont conçus pour automatiser leur déploiement. Enfin, les dispositifs d'intégration et de livraison continues (CI/CD) comme Jenkins automatisent le test du code, sa compilation, puis gèrent le transfert des développements vers l'environnement de production.
Lancé en 2011, GitLab est équipé dès 2012 d'une brique de CI/CD baptisée GitLab CI. Acquis par Microsoft en 2018, GitHub ne s'est positionné dans ce domaine que fin 2019 avec les Actions. Aujourd'hui, ces deux acteurs figurent parmi les plus avancés dans la chaîne du DevOps. Mais un acteur français vient jouer les troubles fêtes : Cycloid.
Git intégré / bug tracker | IaC* multi-cloud | Gestion des config | CI/CD | Designer d'infra | Galerie de plugins | Open source | |
---|---|---|---|---|---|---|---|
Ansible | x | x | Ansible Galaxy | x | |||
(Red Hat) | |||||||
Cloud Bees / Jenkins | x | x | |||||
Cycloid | x | x | x | x | |||
GitHub | x | x | Extend GitHub | ||||
GitLab | x | x | x | x | x | ||
Jfrog (dépôts binaires) | x | x | x | ||||
Source : JDN |
* IaC : Infrastructure as a Service
Du côté des acteurs historiques du DevOps, GitLab ressort largement grand gagnant. Parmi ses points forts, la plateforme intègre différents types de tableau ou framework de pilotage en fonction de la méthodologie agile choisie pour les développements : Kanban, SAFe, Scrum... Une logique que GitHub intègre également, mais en se limitant à Kanban. Au-delà des tests applicatifs, notamment en matière de cybersécurité, GitLab couvre le management des vulnérabilités une fois les déploiements réalisés. Ce n'est pas tout. La solution contrôle aussi bien la conformité des licences logicielles utilisées via l'analyse des dépendances au sein du code, que des procédures mises en œuvre, en termes de revue ou de fusion de code par exemple. En aval, GitLab génère des rapports d'audit sur les actions réalisées tout au long du cycle ou encore sur la bonne application des droits d'accès et des autorisations. Enfin, une fonction baptisée Auto DevOps, unique en son genre, automatise la configuration et l'exécution des pipelines d'intégration continue.
"GitLab bénéficie de la force du modèle open source, ce qui a facilité l'émergence d'un écosystème applicatif important "
"GitLab s'étend à la gestion de projets et de roadmaps", confirme Guillaume Renaud, vice-président multicloud services et hyperscaler practices chez Orange Business Services. "Cette plateforme bénéficie par ailleurs de la force du modèle open source. Ce qui a facilité l'émergence d'un écosystème applicatif important (en termes de plugins, d'intégrations, ndlr)." GitLab se connecte notamment Asana, Microsoft Teams, Slack, ServiceNow, mais aussi GitHub. Aux côtés de son édition historique déployable sur site, l'éditeur de San Francisco propose une déclinaison en mode SaaS, avec à la clé une offre gratuite d'entrée de gamme autorisant un nombre illimité de référentiels de code.
Visual Studio Code s'intègre à GitHub
Face à GitLab, GitHub a été conçu historiquement comme un Git en ligne centré sur le concept de développement communautaire. Il se présente sous la forme d'un réseau social avec ses flux d'activités et ses pages de membres et de projets (qu'il est possible de suivre). A ce jour, GitHub compte près de 60 millions d'utilisateurs, 72 millions de référentiels de code dont près de 49 millions sont privés (à usage interne). Ce qui en fait le plus gros le dépôt de code collaboratif au monde. Accessible sans frais pour les développements open source, GitHub propose une offre gratuite d'entrée de gamme permettant un nombre illimité de référentiels privés et publics, mais avec un espace de stockage capé à 500 Mo pour ces derniers. Son principal point fort ? Une marketplace de plus de 400 intégrations et près de 9000 pipelines préconfigurés.
Depuis son rachat par Microsoft, GitHub multiplie les passerelles avec les applications du groupe de Redmond. Evidemment, il est déjà possible de piloter GitHub depuis la messagerie collaborative Teams de l'éditeur américain. Mieux encore, Codespaces, l'environnement de développement (IDE) de GitHub, est désormais remplacé par Visual Studio Code (VS code). Reconnu pour sa qualité, l'IDE open source de Microsoft figure parmi les plus utilisés au monde. Au final, la solution (encore en bêta) détrône le Web IDE de GitLab qui se révèle nettement moins riche. Elle permet de piloter l'intégralité d'un dépôt GitHub. Au programme : publication de projet, clonage de référentiels, contrôle de source, gestion des branches, des problèmes, des commits, des pull-request, revues de codes...
Cycloid : le DevOps devient graphique
Face aux géants américains, le français Cycloid se démarque. Sa philosophie ? Intégrer ce qu'il considère comme les meilleurs outils de DevOps : Concourse pour l'intégration continue, Terraform pour l'infrastructure as a code ou encore Ansible pour la gestion des pipelines multicloud. Son offre gère les déploiements sur AWS, Microsoft Azure, Google Cloud ou encore Alibaba Cloud, sans oublier OpenStack et VMware. Cycloid a été retenu par Orange Business Services pour bâtir sa cloud management platform. Pour Guillaume Renaud, la principale valeur ajoutée de la solution réside dans son environnement graphique de design d'infrastructure. Baptisé StackCraft, il permet de concevoir visuellement une architecture informatique avant de générer automatiquement le fichier d'infrastructure as a code automatisant son déploiement. Se limitant pour l'heure à AWS, OpenStack et Orange Flexible Engine, StackCraft sera prochainement étendu à Google Cloud et Microsoft Azure.
Cycloid complète l'édifice d'une brique de FinOps (TerraCost) taillée pour estimer le prix des déploiements. Mais surtout d'un configurateur d'infrastructures (StackForms). Il permet aux chefs de projet, sans compétences particulières en production informatique, de créer et configurer les environnements IT dont ils ont besoin pour exécuter leurs applications. Et ce, en fonction de règles de gouvernance prédéfinies par l'informatique : cloud(s) privilégié(s), régions, type de machine virtuelle, taille… "En proposant ainsi un catalogue de ressources paramétrables via un guichet unique, le DSI se donne les moyens de maîtriser pleinement l'IT et les coûts associés", conclut Guillaume Renaud.