AI winter : qu'est-ce que l'hiver de l'IA ?
L'AI winter ou hiver de l'intelligence artificielle renvoie à des périodes de gel des financements dédiés à la recherche en intelligence artificielle. Un domaine qui a provoqué au cours de l'histoire enthousiasme et désintérêt.
L'AI winter, c'est quoi ?
L'intelligence artificielle (IA) a toute une histoire derrière elle, qui n'est pas simple. En effet, l'opinion publique et les investisseurs se sont plusieurs fois emballés pour ce domaine novateur avant de s'en désintéressés. On parle alors d'hivers de l'intelligence artificielle. Ces périodes marquent la méfiance du public ou sa déception face à la technologie de l'IA.
Le premier hiver date de 1973, avec l'intervention du mathématicien anglais Sir James Lighthill sur la BBC, qui expose ses doutes sur l'IA. Les chercheurs spécialisés dans ce domaine se retrouvent vite confrontés à une coupe des budgets, limitant leurs capacités de recherche. Cet hiver, qui prendra fin au début des années 80, représente l'une des périodes les plus sombres pour le développement de l'intelligence artificielle.
Combien y a-t-il eu d'AI winters ?
Le domaine scientifique de l'intelligence artificielle, né au début des années 50, a connu un âge d'or pendant plus de deux décennies (1953-1973), marqué par des découvertes majeures. L'optimisme était de mise et les financements importants, notamment par le biais de la DARPA, une agence de recherche du département de la Défense des Etats-Unis. Un premier frémissement a lieu en 1966, avec une étude qui démontre l'incapacité des traducteurs automatiques à transcrire le russe en anglais. Quelques coupes budgétaires suivront cette annonce.
De 1974 à 1980 survient le grand hiver de l'IA. Il est provoqué par des rapports négatifs, celui de la DARPA et surtout celui du mathématicien Lighthill. Ils mettent en valeur le manque d'avancées concrètes dans l'IA (notamment en robotique et traitement du langage) et expriment des doutes quant à des découvertes dans un futur proche. Dans la foulée, le gouvernement anglais supprime la majorité de ses financements de recherche dans ce domaine. Le retour à un intérêt fort sur l'IA se produit dans les années 80, avec des projets japonais puis américains, qui débouchent sur des avancées notables.
Le second hiver de l'IA a lieu à la fin des années 80 (1987-1993). Il marque de nouveau un arrêt des financements par la DARPA. Les consommateurs délaissent les ordinateurs spécialisés dans l'IA (Lisp Machines) au profit de matériel informatique plus récent et moins cher, mais sans IA. Avec l'émergence du deep learning permis par l'augmentation des capacités de calcul, notamment via les processeurs GPU, les années 2000 sont synonymes d'un regain d'intérêt pour l'IA, qui depuis ne faiblit pas.
Un AI winter pourrait-il se reproduire ?
Devenue un élément essentiel de notre quotidien par le biais de logiciels autonomes, d'assistants virtuels, d'objets connectés et d'entités autonomes, l'IA est à présent partout. Il semble peu probable de voir un nouvel hiver s'installer. Mais certains effets pervers de l'utilisation de l'IA (piratage, emplois robotisés, atteinte à la sphère privée) peuvent peut-être provoquer un rejet de celle-ci par l'opinion publique...